Du 14 septembre au 3 novembre 2024

Lylou Le Signor​

Suivre Lylou Le Signor dans le cheminement de sa création est comme entrer dans une pâtisserie : ses mots ont l’accent de la gourmandise.
Chez Lylou, tout est entier, à l’image de son atelier, indissociable de son lieu de vie, espace de création à la fois pragmatique et inspirant. Véritable sanctuaire de couleurs, elle y fabrique ses propres teintes qu’elle dispose comme une bibliothèque de possibles en devenir, et qui suscite fortement le désir de création, tels des pots de bonbons ou de glace.
Le damier est un motif qu’elle affectionne particulièrement, tant en gravure qu’en peinture. En travaillant sur des séries de formats carrés, (et parfois de très grands formats carrés), elle opère une sorte de mise en abîme de compositions qui se répondent, et qui la passionne. Mais ses créations s’inspirent également des objets familiers dont elle s’entoure, qui ont une place de choix dans son quotidien, et qui s’invitent régulièrement dans ses créations : bols, échelles, escabeaux et chaises sont des motifs récurrents, qui provoquent sa mise en mouvement, même si le motif se dilue au fil de la composition.
La manière dont Lylou appréhende la toile est similaire à sa façon de jardiner ou d’escalader les montagnes : à quatre pattes, elle gratte, elle s’immerge complètement, de la terre plein les mains et dans les cheveux.
Son travail est marqué par une gestuelle expressive et une composition ciselée. Son processus de création instinctif s’élabore par l’écoute de la présence silencieuse mais très active des peintures et des interactions des couleurs, ainsi que son amour profond pour la matière, qu’elle trouve éblouissante. Elle l’évoque comme une respiration, une faim irrésistible, un élan qui sort directement de ses mains. Invitée par Michèle Destarac et Anne Pourny à représenter l’abstraction lyrique au Grand Palais de Paris, elle se revendique de ce mouvement artistique, sans toutefois s’y enfermer.
Son engagement à rendre l’art accessible à tous, des enfants aux adultes, et à favoriser des expériences intergénérationnelles enrichissantes traduit une approche artistique qui se veut à la fois personnelle et ouverte.
Un de ses projets, « Carnet de voyage local : l’aventure au bout du crayon » est d’accompagner des personnes à s’enchanter, à s’émerveiller de son chez soi. Dans une dynamique collective, comprendre comment leurs émotions et leur vécu influence leur regard sur le paysage, sur leur quotidien, le thé qu’ils boivent… et de jouer à le mettre en image, page après page, par des collages, photos, textures, écritures, et dessins.

Pour Lylou, la transmission, ce qu’elle appelle « l’art au service de la vie », a une importance capitale.
Son engagement envers l’art comme vecteur de vitalité témoigne de sa vision holistique de la création artistique.

Mélissa Tresse

Les parents de Mélissa Tresse s’installent à la campagne lorsque Mélissa est toute petite. Entourée de moutons, de poules et de chevaux, c’est un lien très fort avec la nature et le monde animal qui se crée. Déjà, elle récolte et collectionne des os, des squelettes et d’autres trésors de la nature, se créant un musée personnel, tel un cabinet de curiosités… activité qui la nourrit aujourd’hui encore, lorsqu’elle crée des sortes de chimères en assemblant des petits morceaux d’animaux.
Élevée par deux parents peintres, des pinceaux sont à disposition. Mais elle explore d’abord le théâtre et l’archéologie, avant de se tourner définitivement vers les arts plastiques. Ses études par correspondance lui permettent de voyager. C’est ainsi qu’à Tenerife, elle découvre la gravure auprès d’un ami de son père, qui la forme aux techniques variées telles que la pointe sèche, l’eau-forte, la lithographie et la linogravure.
Déterminée à suivre sa propre voie artistique, elle achète une presse, créé son atelier, et propose des stages pour former les autres. Inspirée par des artistes tels que Bosch, Bruegel et Gustave Doré, elle développe un langage très intérieur, souvent lié aux rêves.
Sa pratique évolue au fil des années, reflétant les changements dans sa vie personnelle et ses aspirations créatives. Devenue mère, elle se tourne vers des thèmes plus colorés, abandonnant le côté académique de la gravure pour expérimenter de nouvelles approches et exprimer sa vision contemplative et sensorielle de la nature.
En quête de renouveau et de défis, elle explore des formats et des techniques inédits, comme la série de paravents gravés, qui l’oblige à créer sur de grands formats des exemplaires uniques, tel le paravent aux grandes feuilles de gunnera et aux petits lémuriens cachés, visible à l’exposition.
Son travail se tourne également vers un mélange détonnant entre peinture et gravure : sur la surface d’un contreplaqué de peuplier, bois très tendre et blanc, elle commence par peindre des éléments sur la surface, comme une toile. Puis, progressivement, la gouge vient enlever des morceaux à certains endroits, laissant apparaître le bois clair, qui prend une teinte dorée, comme des feuilles d’or qu’on aurait ajoutées. Très graphique !
Son univers artistique foisonnant oscille entre réalisme et fantastique, dans des compositions riches en détails et en émotions, et témoigne d’une sensibilité profonde. À travers ses œuvres, elle invite le spectateur à plonger dans un univers onirique et envoûtant, où le végétal, l’animal et l’imaginaire se mêlent dans une danse intemporelle.