Du 21 juin au 31 août 2025

Sophie Bacquié
A la surface du monde ténu

Au commencement, la découverte et l’exploration d’un lieu, puis l’image saisie par l’artiste : une architecture abandonnée au végétal, un mur inachevé ou partiellement détruit, une cabane de planches, une caravane définitivement échouée. Un no man’s land peuplé d’ombres, de présences furtives où le paysage empreint de la main de l’homme, à la virginité depuis longtemps effacée, à la frontière de tout, à la marge, héberge l’éventualité de la reconstitution d’une scène à partir de fragments conservés et de bribes d’images oubliées.
De la même façon, les scènes dévoilées par l’association de plusieurs pièces au moment du montage concentrent la diversité contenue dans chaque élément de l’ensemble et amènent le spectateur à se projeter, au- delà de la narration, dans l’imbrication des possibles. Quand aux couleurs, elles définissent les lieux mêmes de la peinture.
La palette de Sophie Bacquié est inhérente à son regard et ne saurait être autre, c’est cette évidence qui est au cœur du travail de l’artiste.
Parallèlement, l’artiste recherche d’autres propositions graphiques ou picturales par le travail des séries ou « en série », reproductions multiples, reliquats des passages, effacements, assemblages, désassemblages, jeux chromatiques, séries monochromatiques, effets de perspectives, répétition du sujet. Là, où tout semble viser la justesse, se crée délibérément une incertitude, un trouble.
       Sylvie Veyrac

Damien Carquillat / Virginie Baron
Echos graphiques des corps

Un double geste s’esquisse : l’un sur la toile, l’autre sur la page. Une conversation s’engage entre l’œuvre plastique et le poème.
Un tissage s’est noué entre les peintures de Damien Carquillat et les textes de Virginie Baron. Tantôt décalé, tantôt en miroir, en résonance, le poème devient une évocation de ce qui se laisse entrevoir sans jamais imposer de vérité à l’image.
Les peintures figuratives représentent des personnages face à eux-mêmes, dans un repli intérieur. Le point de départ du texte surgit d’un détail, d’un hors-champ imaginé, d’un regard porté sur le corps, la représentation des femmes, une émotion ou une chose cachée.
Deux voix cheminent à la frontière du réalisme et de l’abstraction, entre élan et immobilité, dans une atmosphère d’irréalité. Les figures sont seules, dans une forme de respiration. Entre songe et réalité.
Le songe : mêlement d’images, de pensées, surgissant au seuil du sommeil, au presque-réveil. Cet instant où l’esprit s’égare, laissant le corps s’effacer, un instant. La fragmentation, la dématérialisation des corps traduisent cette mise de côté. Ici, la solitude n’est pas subie — elle est un retrait volontaire, un choix. L’ennui devient la matrice de l’imaginaire. Sa représentation fait écho à un monde saturé de bruit et de sollicitations, où nous perdons – peut-être – cette capacité d’ennui.
À travers ces résonances graphiques, peut-être que les tableaux ne se regardent plus tout à fait de la même manière, et que les poèmes, eux aussi, se lisent autrement.