Au commencement, la découverte et l’exploration d’un lieu, puis l’image saisie par l’artiste : une architecture abandonnée au végétal, un mur inachevé ou partiellement détruit, une cabane de planches, une caravane définitivement échouée. Un no man’s land peuplé d’ombres, de présences furtives où le paysage empreint de la main de l’homme, à la virginité depuis longtemps effacée, à la frontière de tout, à la marge, héberge l’éventualité de la reconstitution d’une scène à partir de fragments conservés et de bribes d’images oubliées.
De la même façon, les scènes dévoilées par l’association de plusieurs pièces au moment du montage concentrent la diversité contenue dans chaque élément de l’ensemble et amènent le spectateur à se projeter, au- delà de la narration, dans l’imbrication des possibles. Quand aux couleurs, elles définissent les lieux mêmes de la peinture.
La palette de Sophie Bacquié est inhérente à son regard et ne saurait être autre, c’est cette évidence qui est au cœur du travail de l’artiste.
Parallèlement, l’artiste recherche d’autres propositions graphiques ou picturales par le travail des séries ou « en série », reproductions multiples, reliquats des passages, effacements, assemblages, désassemblages, jeux chromatiques, séries monochromatiques, effets de perspectives, répétition du sujet. Là, où tout semble viser la justesse, se crée délibérément une incertitude, un trouble.
Sylvie Veyrac